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Principe énoncé dans les Pensées, nº 882, d’après une anecdote remontant au séjour à Milan (automne 1728) : » les anciens ont decouvert que le plaisir que l’on a lorsqu’on voit un batiment est causé par de certaines proportions qu’ont
entr’eux les differents membres d’architecture qui le composent. Ils ont trouvé qu’il y avoit cinq differentes sortes de proportions qui excitoient ce plaisir et ils ont appellé cela ordres […] ce ne sont pas des beautés
arbitraires qui puissent être suppléés par d’autres, cela est pris dans la nature […] »
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[…] proposition particulière comprise sous la thèse générale » (Académie, 1762).
« Presque tous les cas sont hypothetiques & sortent de la règle générale » (LP, 66 à propos
de l’application des lois). Affirmer que les principes techniques de l’art connaissent des exceptions est banal ; faire de l’exception, pour ainsi dire généralisée et elle-même transformée en nouvelle règle, le critère du
« goût », contre l’application mécanique de ces principes, l’est moins.
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Reprise d’une addition de la « Galerie du Grand-Duc » (p. 587) : « il n’y a que Michel Ange qui soit comparable aux anciens il ne s’arrestoit pas d’abort au dessein qu’il avoit fait sur le papier
mais il faisoit tout l’ouvrage rude et ensuitte il faisoit degrossir par les ouvriers a sa fantaisie jusques a ce que son œil fut content » ; l’architecte florentin « Chiningi » (Chimini ?) avait dit à
Montesquieu « avoir mesuré toust les ouvrages de Michel Ange a Florance et qu’il n’y avoit jamais presque trouvé les exactes proportions des regles de l’architecture mais l’œil est satisfait ». Le commentaire qui suit
(« c’est qu’il avoit le gout excelant et faisoit toujours en chaque lieu et chaque occasion ce qui devoit se faire pour plaire ») semble être propre à Montesquieu, tant il correspond aux principes énoncés au fil de
l’Essai sur le goût : Michel-Ange possède au degré suprême la connaissance purement intellectuelle du beau et de « ce qui plaît ».