1
Première publication : Œ58, où cette lettre porte le numéro 15
(dans la première version des Cahiers de corrections, elle était placée après la Lettre 9).
2
Nom emprunté à une ville de Perse. Jaron, qui accompagne Usbek
jusqu’à Smyrne, ne figure pas dans l’édition A ; il
n’apparaît que comme destinaire de cette première Lettre
Supplémentaire et auteur de la Lettre Supplémentaire 2. Le Fantasque
(voir Lettres publiées dans
Le Fantasque
) et les Pensées
contiennent une lettre du « grand Eunuque à Janum, à
*** » (la forme « Janum » est probablement due à une
mauvaise lecture par le secrétaire ; dans Le
Fantasque, on lit « Jauum »), finalement écartée
de la version définitive « 1 o parce
qu’elle ressemble trop aux autres ; et 2 o
parce qu’elle ne fait que redire ce qui y est mieux dit. » (
Pensées , nº 1617 ; voir Textes repris dans les Pensées
) ; plusieurs formules en ont été reprises dans cette
lettre ainsi que dans la Lettre Supplémentaire 2.
3
Les eunuques noirs, qui sont les gardiens des femmes, peuvent à
l’occasion sortir pour accompagner leur maître, comme ici, ou ses
femmes comme dans la Lettre
45 :
« On prend les vieux & décrepits pour approcher les femmes,
& pour faire leurs Messages : les autres sont employez au
dehors, c’est-à-dire à aller & venir, à porter & à
travailler […] » (Chardin, t. VI, p. 231).
4
« On peut ajoûter que les Eunuques n’ont pas même les rélations de
l’amitié, à cause que de la maniére dont ils vivent ils ne trouvent
gueres ni les occasions, ni le tems de faire des amis. » (ibid., p. 247).
5
L’ Encyclopédie évoquera ainsi ces
pratiques : « Aujourd’hui dans toute l’Asie & dans une
partie de l’Afrique, on se sert de ces hommes mutilés pour garder les
femmes. […] Il y a plusieurs especes de castrations. Ceux qui n’ont en
vûe que la perfection de la voix, se contentent de couper les deux
testicules ; mais ceux qui sont animés par la défiance qu’inspire
la jalousie, ne croiroient pas leurs femmes en sûreté si elles étoient
gardées par des eunuques de cette espece : ils ne veulent que ceux
auxquels on a retranché toutes les parties extérieures de la génération.
[…] L’amputation des testicules n’est pas fort dangereuse, on la peut
faire à tout âge ; cependant on préfere le tems de l’enfance. Mais
l’amputation entiere des parties extérieures de la génération est le
plus souvent mortelle, si on la fait après l’âge de quinze ans :
& en choisissant l’âge le plus favorable, qui est depuis sept ans
jusqu’à dix, il y a toûjours du danger. La difficulté que l’on trouve de
sauver ces sortes d’eunuques dans l’opération, les rend bien plus chers
que les autres : Tavernier dit que les premiers coûtent cinq ou six
fois plus en Turquie & en Perse. […] Pietro della Valle dit au
contraire, que ceux à qui on fait cette opération en Perse, pour
punition du viol & d’autres crimes du même genre, en guerissent fort
heureusement, quoique avancés en âge ; & qu’on n’applique que
des cendres sur la plaie […] » (art. « Eunuque (Médecine, Histoire ancienne et moderne) »,
1756, t. VI, p. 159a). La cruauté de cette procédure et l’assujettissement
de la victime aux plaisirs d’autrui en feront le sujet d’une cause
philosophique : les castrats de l’opéra italien sont dénoncés aussi
bien par Voltaire (Dialogue du chapon et de la
poularde , 1763) que par Rousseau (Lettre sur l’opéra italien et français , 1745), en partie
peut-être pour des raisons esthétiques (comme le fera Montesquieu dans
les Pensées, nº 388, après les
voyages : « Je ne scaurois m’acoutumer a la voix des
castrats [;] la raison je croy en est que si un chatre chante bien
cela ne me surprend point parce qu’il est fait pour cela independamant
du talent »).
6
Chardin signale que les Persans sont extrêmement superstitieux sur le
sujet de la souillure : « […] les plus scrupuleux d’entr’eux
croyent qu’on devient souillé en touchant seulement un homme de
contraire Religion, ou en touchant ce qu’il a touché ; […] les Persans superstitieux ne goutent, ni de nos
alimens, ni d’aucune chose que nous ayons apprêtée, ou des gens d’une
autre Religion que la leur : ni ne touchent à nos ustencilles, ou à
nos meubles, tenant tout cela impur, mais il faut observer qu’il n’y a
que les Bigots qui poussent la chose si loin, les gens de Cour, les gens
d’Epée, & le commun peuple, n’étant pas si scrupuleux. »
(t. VII, p. 106-107). Le thème est développé dans les trois lettres
suivantes.
7
Le pèlerinage de La Mecque est un des principaux devoirs de la religion
islamique ; voir la note de Montesquieu à la Lettre 37 identifiant le Hagi comme « un homme, qui a fait le
Pelerinage à la Meque ».
8
L’auteur n’ayant pas précisé s’il s’agit de Gemmadi I ou II, on
hésite entre juillet et août pour la date de cette lettre. Mais,
comme l’a montré Edgar Mass (« Le développement textuel et les
lectures contemporaines des Lettres persanes
», Cahiers de l’Association
internationale des études françaises, nº 35, 1983,
p. 185-200, et particulièrement p. 197), Montesquieu
donne généralement aux Lettres Supplémentaires la date d’une lettre
de l’édition A, si bien qu’il faut opter pour le 10 août, date
de la Lettre 14.