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Sous Louis XIII, les anciens soldats infirmes s’étaient vus offrir
une forme de « retraite » dans l’ancien château de Bicêtre.
Par ordonnance du 24 février 1670, Louis XIV prescrivit la
construction, aussitôt entreprise, d’un nouvel hôtel qui offrirait une
vieillesse décente à ceux qui avaient au moins dix ans de service (vingt
ans, à partir de 1710), les fonds étant prélevés sur les revenus des
prieurés et des abbayes. Sa construction ne s’acheva qu’en 1706 ;
en 1720, le dôme restait encore à terminer. Utilisé par la propagande
louis-quatorzienne, il apparaît « sans contredit [comme] le plus
éclatant & le plus admirable édifice, non seulement de Paris, mais
même de tout l’Univers. » « Les anciens soldats « qui
deviennent estropiez au service du Roi dans ses Armées de Terre […] y
sont entretenus, nourris & logez jusqu’au nombre de trois mille,
avec beaucoup de propreté, d’ordre & de soin ; ce qui monte à
une dépense presqu’incroyable. » Claude-Marin
Saugrain, Les Curiosités de Paris […], Paris,
Saugrain, 1723, t. II, p. 492-493).
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Les Invalides suscitent aussi un grand enthousiasme parce que les soldats
mutilés, pris en charge par l’État, n’iront plus grossir les bandes de
vagabonds. À la fin du règne de Louis XIV, l’institution connaît
une renommée européenne ; voir Jean-Pierre Bois, Les Anciens Soldats dans la société française au
xviii
e
siècle, Paris, Economica, 1990.
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Il semble pourtant que ces guerriers venus d’horizons les plus divers –
gardes du roi, gendarmes de France, mousquetaires – supportaient mal la
discipline de fer à laquelle les soumettait Lemaçon d’Ormoy, le premier
gouverneur. Voir Les Invalides, trois siècles
d’histoire, Paris, Musée de l’Armée, 1974.