1
Colbert est mort en 1683.
2
L’une des nombreuses allusions dans les Lettres
persanes à la campagne anti-protestante et à la révocation
de l’édit de Nantes (1685) ; voir Lettres 22 et 83
.
3
Notamment par l’« édit des duels » de 1679, que Louis XV
devra renouveler en 1723 ; Richelieu se montrait déjà
particulièrement sévère pour les duellistes, leur appliquant la peine
capitale. « A present cette barbare Coûtume si opposée à la Loy de
Dieu, & si éloignée de la douceur du Christianisme, est entierement
abolie dans le Royaume de France, par la severité des Ordonnances du Roy
Loüis le Grand. » (Moreri,
« Duel », 1704, t. II, p. 545 et 1718, t. II,
p. 808
). Les « duels abolis » sont un élément de la propagande
louis-quatorzienne. Pourtant les sept édits promulgués entre 1602 et
1679 pour condamner le duel en tant que crime de lèse-majesté ne mirent
pas fin à cette pratique. Sous la Régence, des duels fréquents et
spectaculaires défrayèrent la chronique : M. le Duc ferrailla
contre Richelieu ; Baillac, premier capitaine des gardes
françaises, contre son major, Contades. Voir Pascal Brioist, Hervé
Drévillon et Pierre Serna, Croiser le fer. Violence
et culture de l’épée dans la France moderne (xvi
e - xviii
e siècle) , Seyssel, Champ
Vallon, 2002.
Cf. Lettre 88.
4
Malgré l’interdiction, quiconque se soustrait au duel est déshonoré. Sur
l’opposition entre les armes et le bâton (réservé aux roturiers), voir
L’Esprit des lois , XXVIII, 20 :
« Origine du point d’honneur. ».
5
Source inconnue pour « les Dieux noirs comme du charbon », mais
le « diable blanc » a des antécédents : voir Mathurin
Régnier, Satyre V (1608), v. 7-9 :
« Tout suivant l’intellect change d’ordre & de rang :/ Les
Mores aujourd’huy peignent le Diable blanc,/ Le sel est doux aux uns, le
succre amer aux autres » (Paris, 1617, p. 19). Dans l’ Encyclopédie , le
très orthodoxe abbé Mallet reprendra la dichotomie : « Les
Ethiopiens, qui sont noirs, peignent le diable
blanc, pour prendre le contrepié des Européens, qui le représentent
noir. Les uns sont aussi bien fondés que les autres. » («
Diable(Théologie) », 1754,
t. IV, p. 927). Voir aussi ci-après note 7.
6
Même association entre idéal de beauté et seins pendants dans la
description des Hottentotes chez François Leguat : « Mais ce
qu’il y a en elles de plus effroyable, c’est la gorge : il semble
que deux longues vessies de cochon, demi seches & demi enflées leur
pendent au cou. Ces vilaines mammelles dont la peau est noire, ridée,
& rude comme du chagrin, leur descendent plus bas que le nombril,
& ont un bout feuille-morte plus gros que celui des tetines de
vaches. A la vérité ces amples tetasses ont cela de commode qu’on les
conduit à droite & à gauche, devant & derriere tout comme on
veut. Ordinairement, elles les jettent par dessus l’épaule pour allaiter
l’enfant qui est attaché derriere. Avec tout cela, la vanité de ces
laides pécores est incroyable ; elles
s’imaginent être les plus belles Dames de l’Univers […] » (Voyage et aventures de François Leguat et de ses
compagnons, en deux îles désertes des Indes Orientales,
Amsterdam, Jean Louis de Lorme, 1708, 2 vol., t. II, p. 159-160).
7
Souvenir manifeste de Spinoza : « […] credo quod triangulum,
siquidem loquendi haberet facultatem, eodem modo diceret, Deum eminenter
triangularem esse, & circulus, Divinam naturam eminenti ratione
circularem esse; & hâc ratione quilibet sua attributa Deo
adscriberet, similemque se Deo redderet, reliquumque ei deforme
videretur. » ([...] je crois que le triangle, s’il était doué de
parole, dirait de la même manière que Dieu est éminemment triangulaire,
et le cercle, que la nature de Dieu est éminemment circulaire. De même
n’importe quel être affirmerait de Dieu ses propres attributs, se
rendrait semblable à Dieu et toute autre manière d’être lui paraîtrait
laide.) (Opera posthuma , 1677, Epistola
LX, p. 578-579). L’idée avait été formulée dans les Notes sur Cicéron (vers 1715 ?), associée
comme ici au « diable blanc » : « Spinosa dit fort
[bien] que si les cercles vouloient faire un dieu ils le feroient rond
et que les quarrez le feroient
37
.
On dit que les maures peignent le diable blanc. » (OC, t. 17, p. 1-92, ici p. 32).
8
L’anthropocentrisme religieux est critiqué d’une manière semblable dans
l’« Apologie de Raymond Sebond » de Montaigne. Voltaire
retiendra certainement cette épithète si proche de celles qu’il
affectionne : on trouve à la fois le verbe ramper
et l’expression « notre petit tas de boue » dans Micromégas (1752). La petitesse relative de
la Terre est déjà un thème des Pensées de
Pascal (notamment n o 230,
« Disproportion de l’homme » ; Paris, 1678, XXII,
« Connoissance générale de l’homme », p. 171) comme des
Entretiens sur la pluralité des mondes
(1686) de Fontenelle. Une autre métaphore sur le mot atome à la fin de la Lettre 74.