1
Ce passage semble proche de ce qu’écrit Tournefort sur les dervis
turcs : « Ces Dervis font vœu de pauvreté, de chasteté,
d’obéissance ; mais ils se dispensent aisément des deux premiers,
& même ils sortent de leur Ordre sans scandale, pour se marier quand
l’envie leur en prend. » (Lettre XIV, t. II, p.
391). Rycaut les compare aux moines : « Les Mevelevis, que l’on appelle ordinairement Dervis, c’est-à-dire pauvres, & qui ont
renoncé au monde […] affectent de paroître patiens, humbles, modestes,
& charitables. […] Ils font profession de pauvreté, de chasteté,
& d’obeïssance, comme les Capucins, & les autres Religieux de
l’Ordre de Saint François […] » (livre II, chap. xiii, p. 249-256).
2
Les médecins sont réputés tuer leurs patients, et les confesseurs
s’efforcer d’obtenir des legs, soustraits aux héritiers légitimes.
3
Forme archaïque du mot, alors prononcé couvent
, préférée par l’Académie (1718) ; la forme
« Couvent » est systématiquement employée par
l’édition B et celle de 1758 (voir Lettres 80 et 127).
4
« Docteur qui a écrit, ou qu’on consulte sur le cas de conscience,
dont la fonction est de traiter des cas de conscience, & d’en donner
les resolutions […] » (Trévoux , 1704) Cf. Pensées ,
nº 1059.
5
« Le souverain bien, la felicité éternelle » (Furetière, 1690,
art. « Beatitude »).
6
Le mot libertin « se dit principalement à
l’égard de la Religion, de ceux qui n’ont pas assez de veneration pour
ses mysteres, ou d’obeïssance pour ses decisions » (Trévoux, 1704) ; Challe par exemple écrit : « Si je
n’étais pas né catholique, apostolique et romain par la bonté de Dieu,
si je n’étais pas connu pour aussi zélé pour ma religion que je le suis,
vous pourriez croire que ceci sent un peu le libertinage et le
calvinisme […] » (Journal du voyage des Indes
Orientales, Genève, Droz, 1998, p. 173). Mais on voit
dans la première phrase de la lettre que le mot désigne aussi déjà
une conduite déréglée.
7
À la manière des Provinciales de Pascal
(Camusat a tout de suite fait le rapprochement : Mémoires historiques et critiques, 1722, p. 15), Usbek laisse à son interlocuteur jésuite le soin de
faire sa propre satire ; on trouve ici l’écho de deux ouvrages
visés dans la Lettre IX, la célèbre Dévotion
aisée du père Pierre Lemoyne (1652), et peut-être
encore plus Le Paradis ouvert à Philagie, par cent
dévotions à la mère de Dieu (3 e éd.,
1638) de Paul de Barry qui y est cité : « Qui vous ouvriroit le paradis, ne vous obligeroit-il pas
parfaitement ? Ne donneriez-vous pas les millions d’or pour en
avoir une clef, & entrer quand bon vous sembleroit ? Il ne
faut point entrer en de si grands frais ; en voicy une, voire
cent à meilleur compte » (p. 157). « Celui qui a dit que les Livres des Casuistes
sont l’art de chicaner avec Dieu, a eu raison : ces Avocats du
barreau de la conscience trouvent plus de distinctions, & plus de
subtilitez que les Avocats du Barreau Civil. » (Bayle, Dictionnaire historique et critique ,
« Loyola », remarque S, t. II, 1 re
partie, p. 370).
8
« Qu’importe par où nous entrions dans le paradis, moyenant que nous
y entrions », dit le casuiste de la neuvième des Lettres provinciales de Pascal (p. 160).
9
L’expression violenti rapiunt illud (« tous
s’efforcent d’y entrer par violence ») se trouve dans la
prédication de Jésus contre les Pharisiens (Luc, XVI, 16) et contre la corruption : « […] le
roiaume des cieux se prend par violence, & ce sont les violens qui
l’emportent » (Matthieu, XI, 12).
10
La fidélité de Dieu à ses promesses est souvent affirmée dans les
Écritures ; voir Psaumes CXVIII (CXIX), 41, 49, 50, 58, 65, 81, 169, 170 ; Hébreux X, 23. Dans la première épître de Jean (I Jean II, 25) en particulier l’objet de la promesse est « la
vie éternelle ».
11
Pascal cite Escobar, qui affirme que « la speculation est ce qui
determine à l’action. D’où il s’ensuit qu’on peut
en seureté de conscience suivre dans la pratique les opinions
probables dans la speculation » (Provinciales , Lettre XIII, p. 245). Voir la fort caustique Lettre de l’Espion turc
dénonçant les casuistes, qu’il appelle des « charlatans » et
« maquignons » (Marana, 1699, t. VI, Lettre I,
p. 4
).