1
L’erreur manifeste du texte original (Rhedi est à Venise) est
immédiatement corrigée.
2
« Tout le meuble d’un particulier, état, habit. (Etre en bon ou
mauvais équipage. Il le conduisirent au palais en cét équipage)
[…] » (Richelet, 1680). Le « pourpoint noir » désigne un
personnage au train de vie modeste.
3
En 1742, Jean Aimar Piganiol de la Force fait justement remonter à
vingt-cinq ou trente ans, c’est-à-dire quelque temps avant les Lettres persanes , la construction de
magnifiques maisons dans le faubourg Saint-Honoré, qui en font
« aujourd’hui un des beaux Fauxbourgs de Paris » (Description de Paris , Paris, Théodore Legras,
1742, 8 volumes ; t. II, p. 436
).
4
À l’époque, un revenu de quarante mille livres correspond à un train de
vie aristocratique (voir Jean Sgard, « L’Échelle des revenus », Dix-huitième siècle n o 14,
1982, p. 425-433) ; la somme est donc considérable, hors de
portée d’un revenu bougeois qui pourrait aller de cinq mille à vingt
mille livres (ibid., p. 426).
5
Avoir son hôtel particulier affiche une position sociale élevée.
Officiellement Saint-Germain n’est plus un faubourg mais un
quartier ; il va de la rue Dauphine jusqu’aux Invalides et beaucoup
d’hôtels élégants y ont été construits à la fin du xvii
e et au début du xviii
e siècle : dès 1720, cinquante pour cent
des nobles cités dans l’ Almanach royal
habitent le quartier (Natacha Coquery, L’Hôtel
aristocratique : le marché du luxe à Paris au xviii
e siècle , Paris,
Publications de la Sorbonne, 1998, p. 196). La somme (équivalant à
six milles livres) représente le prix d’une location de luxe.
6
Furetière (1690, art. « Deplacer ») donne un exemple semblable, sans définition
explicite, de cet emploi intransitif : « Il a acheté ce cheval
trente louïs, il en a gagné dix autres à le revendre sans déplacer. » Ce sens (sans désinvestir
ailleurs) semble donc entré dans l’usage.
7
Comme le confirment les Cahiers de corrections, l’expression signifie « le prenant
à part » : « Mais un page du roi tire Osman à
quartier ;/Ne désespérons pas, il lui donne un
papier » (Mairet, Le Grand et Dernier
Soliman, 1639, V, 4).
8
« Hausser, lever en haut par le moyen d’une machine. » (Académie, 1718). Voir aussi Furetière, 1690,
« Guinder » : « Hausser & eslever soit les
voiles, soit quelque autre chose. On le dit aussi en autres occasions.
[…] cet homme s’est guindé au haut de ce
batiment […] ».
9
Le mot œuvre a en alchimie un sens bien
précis : « On appelle en Chymie le grand
œuvre, la Pierre Philosophale […] » (Trévoux, 1704
).
10
Flamel (mort en 1418), célèbre alchimiste qu’on disait enrichi grâces à
ses découvertes ; de nombreux écrits lui furent attribués.
11
Raymond Lulle (1235-1316), mystique et hérétique catalan, « docteur
illuminé » et auteur d’une Ars magna .
12
D’ adeptus (qui a acquis), le mot « se dit
particulièrement de ceux qui croient être parvenus au grand œuvre »
(Académie , 1718). Malgré cette caricature
d’une certaine alchimie extravagante (on notera que le mot alchimie ne paraît pas une seule fois dans les
Lettres persanes ), elle était encore
bien vivante. « J’ai ouï dire que les Alchimistes sont ici en aussi
grand nombre que les Cuisiniers, mais ils ne tirent de leur Art que des
connoissances inutiles. On en compte cinq à six mille, qui seront assez
malheureux pour ne recevoir de leurs travaux, & de leur assiduité,
que de la fumée ; recompense ordinaire, que donne à ses adherans un
Art riche en esperances, liberal en promesses, & ingenieux pour la
peine & pour la fatigue, dont le commencement est de mentir, le
milieu de travailler, & la fin de demander l’aumône. »
(Cotolendi, « Traduction d’une lettre italienne, écrite par un
Sicilien à un de ses amis », p. 409). Cependant, en 1751 Malouin est prudent en lui
concédant, dans l’article « Alchimiste » de l’ Encyclopédie
(t. I, p. 249b) le statut d’une « science
réelle », ne critiquant que ceux qui s’y livrent « sans
principes » : d’une phase rationaliste critique au début
du siècle on passera à une réévaluation fondée sur l’intérêt pour
toutes les formes de connaissance.