1
Formulation « orientale » du débat, la question étant alors en
France celle de l’égalité des sexes (c’est le titre de l’ouvrage de
Poullain de La Barre mentionné plus bas, note 6), ou de la relation
conjugale selon le droit naturel (Grotius, Droit de
la guerre et de la paix , 1625, livre I er, chap. iii, section 8).
La spécificité du xviii
e siècle (et de Montesquieu en particulier)
est d’insister sur les normes sociales qui déterminent la
« condition des femmes » : voir Catherine Larrère,
« Le sexe ou le rang ? La condition des femmes selon la
philosophie des Lumières », Encyclopédie
politique et historique des femmes , Christine Fauré dir.,
Paris, PUF, 2 e éd., 1998, p. 168-200.
2
Sujet traditionnel dans toute œuvre jouant sur le parallèle entre Orient
et Occident. Voir surtout Pensées , n
os 483-509, 1622, 1630, 1726, extraits des
Réflexions sur la jalousie (voir Lettre 6, note 5).
3
Sans doute équivalent de « but à but », « Terme de jeu de
paume, etc. Sans avantage. » (Richelet, 1680).
4
Comme le narrateur des Entretiens sur la pluralité
des mondes (1686) de Fontenelle ? Les idées
elles-mêmes pourraient être celles de Poullain de La Barre, déjà
cité : voir Bernard Magné, « Une source de la
Lettre persane XXXVIII ? », Revue
d’histoire littéraire de la France , nº 68, 1968,
p. 407
-414. Des idées analogues se trouvent également chez C. M. D.
Noël,
Les Avantages du sexe ou le triomphe des femmes
, Anvers, Sléghers, 1698, qui évoque la « tyrannie » des
hommes et présente sa théorie comme un « paradoxe ».
5
Voir Pensées , nº 1726 :
« […] les femmes n’ont jamais guêres pretendu à l’egalité car elles
ont deja tant d’autres avantages naturels que l’egalité de puisance est
toujours pour elles un empire ». Voir aussi L’Esprit des lois , XVI, passim.
6
Cela doit être rapproché du traité de François Poullain de La Barre, De l’égalité des deux sexes, discours physique et
moral, où l’on voit l’importance de se défaire des préjugés,
Paris, Jean Du Puis, 1673 : « En tout ce qu’on fait
connoistre aux femmes void-on rien qui aille à les instruire
solidement ? Il semble au contraire qu’on soit convenu de cette
sorte d’éducation pour leur abaisser le courage, pour obscurcir leur
esprit, & ne le remplir que de vanité & de sotises ; pour y
étoufer toutes les semences de vertu & de verité ; pour rendre
inutiles toutes les dispositions qu’elles pourroient avoir aux grandes
choses, & pour leur oster le desir de se rendre parfaites, comme
nous, en leur en ostant les moyens. » (p. 212
-213).
7
Les peuples raffinés, civilisés ; poli veut
dire « Doux, civil, honneste, complaisant, qui pratique de bonne
grace tout ce qui regarde l’exterieur de la vie civile » (Académie, 1718). Comme on le verra plus loin, il
n’est pas question de considérer les Persans comme manquant de politesse
(Lettre 46).
8
Selon Diodore de Sicile, à cause des grands bienfaits dispensés aux
hommes par Isis, « la coutume a prévalu en Égypte de rendre plus
d’obéissance & de respect aux Reines qu’aux Rois. Parmi les
Particuliers même, les hommes promettent dans le contrat de Mariage
qu’ils seront soumis en tout à leurs femmes. » (Bibliothèque historique, I, 27,
1-2 ; trad. Terrasson, 1737, t. I, p. 54). Pufendorf y fait allusion dans Le
Droit de la nature et des gens (trad. Barbeyrac, Catalogue , nº 801) : « Autrefois même, en Egypte, les mariages
entre particuliers, aussi bien que celui du Roi & de la Reine,
donnaient à la femme l’autorité sur le mari […] » (livre VI,
chap. I, § 9), qui renvoie en marge au passage de Diodore de
Sicile.
9
La source de cette affirmation n’a pas été identifiée ; on ne la
trouve ni dans Moreri ni dans Diodore de Sicile, qui consacre pourtant
de nombreuses pages à Sémiramis (livre II, 4-20 ; trad.
Terrasson, 1737, p. 227 et suiv.).
10
Mot de Caton l’ancien rapporté par Plutarque selon lequel il est en fait
emprunté à Thémistocle. (Vie de Caton l’Ancien,
VIII, 4, dans Vies parallèles , François
Hartog dir., Paris, Gallimard, Quarto, 2001 ; trad. Amyot :
« Les autres hommes, dit-il, commandent à leurs femmes, & nous
à tout le demeurant des hommes, & nos femmes nous commandent »,
Paris, Jean Du Carroy, 1606, t. I, p. 464).
11
Citation du Coran (p. 34
; sourate II, 228).