1
En 1713, Louis XIV, né en 1638, régnait depuis soixante-dix ans. La
durée de son règne avait beaucoup frappé les esprits : voir par
exemple Joseph Bonnet, Lettre à Musala, homme
de loi à Hispaham, sur les mœurs et la religion des Français
(s. l., 1716). Sur « sa sénilité, sa bigoterie, son
despotisme irréfléchi » vus par Montesquieu, voir Nicole
Ferrier-Caverivière, Le Grand Roi à l’aube des
Lumières, 1715-1751 , Paris, PUF, 1985, p. 67-75.
2
Sultan : « Titre qu’on donne aux
Empereurs d’Orient […] » (Furetière, 1690, « Sultan »). C’est un mot turc, mais les dictionnaires de
l’époque pas plus que Montesquieu ne distinguent le mot shah (qui figure pourtant à propos du jeu
d’échecs chez Fréret, p. 381).
3
La comparaison entre la cour de Louis XIV et la Sublime Porte est un
thème fréquent de la polémique antifrançaise dans les années 1680,
notamment chez les protestants du Refuge : voir par exemple Le Nouveau Turc des Chrétiens, s. l., Pierre du
Marteau, 1683 ;
La Cour de France turbanisée et les trahisons
démasquées
, Cologne, Pierre Marteau, 1686.
4
Dans les Pensées (n os
1122, 1145 et 1306) ainsi que dans le catalogue de la
bibliothèque de La Brède (Catalogue ,
p. 505), donc beaucoup plus tard, Montesquieu donnera plusieurs
versions successives d’un portrait de Louis XIV, qui toutes font
ressortir ses contradictions ; alors qu’ici il se borne à des
constats paradoxaux, dans les Pensées il
approfondit l’analyse, tire des conclusions générales et ne voit en
Louis XIV que faiblesse et défauts. Le Spicilège le présente comme « un homme qui ne pouvoit
souffrir des talents superieurs » (n o
570 ; voir aussi n o 452).
5
Cf. à propos de M me de Maintenon et M. de
Barbezieux, ce mot de M me de Cornuel, que la
Palatine appelle un « dicton » et qui avait donc dû être
largement répandu : « J’aye veue, dit-elle, la plus estonnante
chose du monde à la cour, l’amour près du tombeau & le ministère
dans le berceau » (Lettres de la Princesse
Palatine , Paris, Mercure de France, 1985, 5 mars 1692,
p. 102-103). M me de Maintenon, née en 1635,
sera très maltraitée dans les Pensées (n
o 279 : « Louis 14 avoit l’ame
plus grande que l’esprit mad de Maintenon abaissoit sans cesse cette ame
pour la mettre a son point » ; voir aussi n os
1112 et 1306) ; Barbezieux, fils de Louvois, avait été
nommé secrétaire d’État à dix-sept ans, en 1685, et chargé du
département de la guerre en 1691 à la mort de son père.
6
Pour toutes les incohérences de la politique de Louis XIV, voir les
pamphlets cités plus haut note 3, ainsi que Pieter Johannes
Wilhelmus van Malssen, Louis XIV d’après les
pamphlets répandus en Hollande , Amsterdam,
H. J. Paris, 1937.
7
Les dépenses occasionnées par la construction et l’aménagement de
Versailles, ce « chef-d’œuvre si ruineux et de si mauvais
goût », ont été souvent critiquées et exagérées (Saint-Simon,
t. V, p. 533 ; cf. p. 1400, note 4). Elles sont
évoquées dans un extrait de la Gazette d’Amsterdam
de 1684 repris dans le Spicilège (n o 215), très proche du présent texte :
« Il y avoit dans la Gazette d’Hollande en 1684 [:] le roi de
France a creé un million de rentes pour convertir en marbres et statues
pour Versailles ce qui fait bien voir que cette puissance bien loin
d’amasser des tresors pendant 6 ans de paix n’a fait que
s’endeter. ».
8
Le roi de Perse.
9
Voir Lettre 22 et notes.