1
Les Gemchid étaient d’« Anciens Rois de Perse
de la premiére race & Monarques de l’Orient. »
(Chardin, t. III, p. 72). Le nom est repris sous la forme Gemehid dans la lettre [4] du Fantasque
(voir Lettres publiées dans Le
Fantasque
).
2
Expression empruntée à Rycaut, qui la mettait dans la bouche d’un Turc à
l’encontre des Persans : « J’espére aussi de la majesté
divine, qu’au jour du Jugement elle vous fera servir d’asnes aux Juïfs,
& que cette misérable nation qui est le mépris du monde, vous
montera, & vous menera au trot en Enfer » (livre II, X,
p. 224) ; elle est reprise sous forme atténuée par Chardin
(t. IX, p. 268).
3
La question de la damnation des païens avait pris une nouvelle actualité
au xvi
e siècle chez les théologiens espagnols
(Vitoria et Suarez), lors de la découverte des peuples
amérindiens ; au xviii
e siècle, les tentatives de conciliation entre
raison et religion l’avaient également considérablement renouvelée (voir
Jean Ehrard, L’Idée de nature en France dans la
première moitié du
xviii
e
siècle, Paris, Albin Michel, 1994 [1963],
p. 444). D’après Jean-Baptiste de Secondat (« Mémoire pour
servir à l’histoire de M. de Montesquieu par M. de Secondat, son
fils », dans C. Volpilhac-Auger, Montesquieu
, Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne,
« Mémoire de la critique », 2003, p. 250), Montesquieu
avait écrit sous forme de lettres un ouvrage sur le sujet dès 1711.
4
Gaultier décèle là une clé de lecture : « Mettez Jesus-Christ à
la place de Hali, & vous aurez le vrai sens de l’Auteur » (Les Lettres persanes convaincues d’impiété, 1751, p. 61
). La beauté de Jésus-Christ constituait un débat théologique, en
raison de la contradiction entre les Psaumes (XLIV [XLV], 3 [t. II,
p. 79] : « Votre beauté surpasse celle de tous les enfans
des hommes ») et la prophétie d’Isaïe (LIII, 2).
5
L’idée est peut-être empruntée à saint Paul (Epître aux Romains, X, 14) : « Mais comment l’invoqueront-ils, s’ils
ne croient point en lui ? Et comment croiront-ils en lui, s’ils
n’en ont point entendu parler […] ? ».
6
Chardin cite les onze principaux miracles de Mahomet qui sont incorporés
dans la calendrier musulman (t. VII, p. 444-448). Tout en soulignant la tolérance des musulmans
(voir Lettre 27), il
reconnaît que dans ses commencements leur religion s’était répandue par
le glaive : « […] au commencement du Mahometisme, cette Religion plus
cruelle & sanguinaire encore qu’elle ne l’a été depuis, ne faisoit
point de quartier à la guerre, qu’à ceux qui l’embrassoient en faisant
la Profession accoutumée […] » (Chardin,
t. VII
, préface, f. A4 r). La Lettre 65 rappellera les
moyens violents de l’établissement du mahométisme ; voir aussi
L’Esprit des lois , XXV, 13 :
« Vous vous privez de l’avantage que vous a donné sur les
Mahométans la maniere dont leur Religion s’est établie. Quand ils se
vantent du nombre de leurs fideles, vous leur dites que la force les
leur a acquis, & qu’ils ont étendu leur Religion par le fer :
pourquoi donc établissez-vous la vôtre par le feu ? ».
7
Johann Leyser,
Polygamia triumphatrix, id est Discursus
politicus de polygamia, auctore Theophilo Alethaeo
, Lund (Londini Scanorum), 1682 (voir Bayle, Correspondance , Antony McKenna dir.,
lettre 110) ; l’ouvrage ne se trouve pas dans le Catalogue , mais Bayle l’évoquait de
manière très critique (Dictionnaire historique
et critique , article « Lyserus », t. II,
1 re partie, p. 345 ; Remarque A de l’article « Lamech »,
ibid., p. 272 et Nouvelles de la république
des Lettres d’avril 1685 ; Catalogue , n os 2453 et 2568).
8
Pour l’ensemble de cette évocation de la religion persane, Montesquieu
suit Chardin, qui cependant ne parle que de cinq prières par jour
(t. VII, p. 246).
9
Selon le Dictionnaire de Trévoux (1704), « c’est une faute de mettre un de après esperer, quand c’est un
autre verbe qui suit » ; celui de l’Académie (1718), au
contraire, admet cette construction « particulièrement quand [ce
verbe] est à l’infinitif, & que le verbe qui le suit immédiatement
est aussi à l’infinitif. ».
10
Usbek évoquera « les jeûnes, & les Cilices » des musulmans
dans la Lettre 90. Rycaut
avait évoqué les jeûnes et mortifications des dervis
turcs (livre II, chap. xiii
, p. 446).
11
Expression qui évoquera évidemment pour les chrétiens le rôle du
Christ ; l’équivalent pour les musulmans est Mahomet, le
« messager » ou « l’ Apôtre
envoyé de Dieu » (Chardin, t. VII
, préface).
12
Le danger de ce rapprochement a été bien vu par l’abbé Gaultier :
« Son but est de faire entendre par là qu’au fond tout le culte
extérieur revient à peu près au même dans toutes les Religions » (
Les Lettres persanes convaincues d’impiété,
p. 62
). Mais il avait déjà été fait par Guillaume de Roubrouck [Pierre
Bergeron], Relation des voyages en Tartarie,
Paris, Soly, 1634, comme par Tournefort (Lettre XIV, t. II). Marana évoque de même ces
similarités : « Pour moi je commence à croire tout de bon
qu’il y a des Saints parmi les Chrétiens mêmes, aussi bien que parmi
nous. J’ai vû & entendu plusieurs choses, qui marquent la pieté de
quelques-uns ; & nous ne pouvons nous empêcher de reconnoître
qu’il y a dans leur loi quelque chose de juste ; & si elle
étoit bien observée, elle me paroît aussi sainte que la nôtre. »
(1700, t. I, Lettre XIII au Supérieur des Dervis de Cogny,
p. 38).
13
Voir, chez Chardin, la théorie d’un treizième imam, qui doit tenir la
place du « douziéme & dernier Iman ou
Successeur de Mahomed » qui avait
disparu l’an 296 de l’Hégire (Chardin, t. VI, p. 4
). Voir Lettre 15.