1
La première des femmes d’Usbek (voir Lettre 19 : « Usbek à Zachi sa
femme ») à être nommée. Sur la tonalité « rococo » de
la lettre initiale, voir Jean Starobinski, préface aux Lettres persanes , Paris, Gallimard,
« Folio Classique », 1973, p. 20.
2
Voir Lettre 45. S’agit-il de
répondre par anticipation à l’ordre d’Usbek (Lettre 2) ? La décision suit
immédiatement son départ (le surlendemain, soit le 21 mars) ; mais
on peut voir aussi là une conséquence des remaniements tardifs de la
composition et de la chronologie ; et en fait de
« promenade », le séjour se prolonge au moins dix jours (voir
la date de la Lettre 4),
peut-être plus. Le 12 mai (Lettre 7
), les femmes sont rentrées à Ispahan. Sur la liberté procurée par
le sérail de Fatmé, voir Lettre 144.
3
Le Zenderoud, sur lequel il y a pourtant « trois beaux Ponts » comme le signale Chardin
(t. VIII, p. 5). Cette lettre donne l’impression que les porteurs
traversent à pied, ce qui ne semblerait guère convenir à cette date, car
le fleuve, grossi par la fonte des neiges, « est aussi gros à Ispahan durant le printems, que la Seine l’est à Paris durant l’hiver » (ibid.). Mais dans la Lettre 45 il est précisé que chaque
boîte est portée dans un bateau.
4
Selon Chardin, il n’y pas de litières à Ispahan : « Il n’y a
d’autres Voitures en Perse
que des Montures, & de grandes Cuves, ou maniere de Berceaux
couverts & fermés, où vont les femmes de qualité, deux sur un
Chameau, dont je ferai la description ailleurs. On n’y a ni Carosses, ni Chariots,
ni Litieres, ni Chaises
[…] » (Chardin, t. IV, p. 120-121 ; il faut sans doute lire cunes au lieu de Cuves : voir
ci-après Lettre 45, note 4).
5
Cf. Le Temple de Gnide , ch. vii : « Où croyez-vous que je
trouvai l’Amour […] il étoit à sa dernière retraite […] ».
6
Le vocabulaire est très « gazé », alors que toutes les
stratégies du discours libertin sont utilisées (parures, nudité,
thématique du regard), avec des préciosités inattendues
(« tribut ») qui deviendront banales dans la littérature
libertine. Cf. Lettre 77,
pour une scène comparable, mais où le regard (celui de l’eunuque) joue
un rôle tout différent.
7
Le mot est fréquemment synonyme de délicatesse, mais il peut prendre
aussi, comme ici, une signification érotique liée à son sens
physiologique. Cet intérêt porté au désir féminin et à la participation
active de la femme aux jeux amoureux doit sans doute beaucoup à la
liberté propre à la Régence. Mais le texte met en même temps l’accent
sur les rivalités des femmes et le triomphe de leur vanité : le
sérail est le lieu de tous les affrontements. À noter à cet égard que la
seule autre occurrence du mot sensibilité dans
les Lettres persanes vient sous la plume
de sa rivale Zelis, qui l’applique aux plaisirs des sens dans la Lettre 51.
8
Le retour au réel peut désigner comme fantasmatique l’évocation des
amours passées, mais il peut s’agir tout aussi bien d’un artifice
rhétorique. Sur le recours aux points de suspension pour signifier le
trouble sexuel, voir aussi Lettre 7
(« je me trouve pour lors si animée… »).
9
La plainte amoureuse de Zachi prendra un autre sens pour le lecteur après
l’aveu d’Usbek (Lettre 6
) ; dans l’édition B, elle bénéficie déjà de cet
éclairage.