LETTRE XXIII
.
Usbek
à
Ibben.
A Smirne.
J’ai reçu une Lettre de ton Neveu Rhedi : il me mande qu’il quitte Smirne
dans le dessein de voir l’Italie, que l’unique but de son Voyage, est de
s’instruire, & de se rendre par là plus digne de toi ; je te felicite
d’avoir un Neveu, qui sera quelque jour la consolation de ta vieillesse.
Rica t’écrit une longue Lettre ; il m’a dit qu’il te parloit beaucoup de ce
païs-ci : la vivacité de son esprit fait qu’il saisit tout avec
promptitude : pour moi, qui pense plus lentement, je ne suis
pas en état de te rien dire
1
.
Tu ès le sujet de nos conversations les plus tendres : nous ne pouvons assez
parler du bon accueil, que tu nous as fait à Smirne ; & des services,
que ton amitié nous rend tous les jours. Puisses-tu, genereux Ibben, trouver par
tout des amis aussi reconnoissans, & aussi fidelles que nous !
Puisse-je
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te revoir bien-tôt, & retrouver avec toi ces jours heureux, qui
coulent si doucement entre deux amis ! Adieu.
A Paris le 4. de la Lune de Rebiab 2
. 1712.