1
Le Coran commence par l’invocation : « [...] conduits nous au droict
chemin ; au chemin de ceux que tu as gratifiez […] »
(p. 1 ; sourate I, 5-6).
2
Alors que dans les Lettres 11
à 14, c’est Usbek qui
« répondait » à une question que lui posait Mirza (Lettre 10) sur la nature de
la justice, Usbek se soumet ici à une autorité religieuse, évoquant la
répugnance de Mirza que les « Mollaks »
« desesperent ».
3
Le terme peut désigner aussi bien Moïse que Mahomet ; les
prescriptions du Coran ressemblant beaucoup à celles de la Bible,
Montesquieu joue évidemment sur les deux tableaux.
4
La définition mosaïque de immundus est le thème
du Lévitique, XI. Le Coran reprend l’interdiction biblique :
« « [...] il vous est deffendu de manger de la charogne, du
sang, de la chair de pourceau & de tout ce qui n’a pas esté tué en
proferant le nom de Dieu [...] » (p. 265
; sourate V, 4). Ces interdits alimentaires faisaient
depuis longtemps l’objet de réflexions médicales et religieuses :
voir le janséniste Hecquet, La Médecine théologique
(1733, t. I et
II
, remontant en fait au début du siècle), cité par Jean
Ehrard, L’Idée de nature en France dans la première
moitié du xviii
e siècle , Paris, Albin
Michel, 1994 (1963), p. 576. Montesquieu reprendra le sujet dans
L’Esprit des lois , pour le vin (XIV,
10 : « La Loi de Mahomet, qui défend de boire du vin, est donc
une Loi du climat d’Arabie : aussi avant Mahomet l’eau étoit-elle
la boisson commune des Arabes. »), mais au livre XXIV,
chapitre 22, il énoncera « combien il est dangereux que la Religion
inspire de l’horreur pour des choses indifférentes ». Voir aussi
ci-après, Lettre 44.
5
Tavernier rapporte que les mollahs de Perse « sont fort
superstitieux sur le fait de toucher à quelque chose d’immonde
[…] » (Les Six Voyages ,
livre V, chap. xi, t. II,
p. 319).
6
Les règles islamiques de la souillure et des purifications sont
expliquées dans le Traité des purifications
du mollah Cheik Bahadin Mahammed Gebelamely, traduit par
Chardin (t. VII, p. 112-233). Celui-ci observe : « On ne sauroit dire
à quel excès […] les Persans sont scrupuleux sur
le point de la Pureté légale. Ils en font la
plus importante partie du Culte de leur Religion, & les Bigots
d’entr’eux croyent que c’est proprement l’observance de ce précepte
ceremoniel qui rend l’homme pur et saint. » (Chardin, t. VII,
p. 109).
7
Saint Paul à plusieurs reprises suggère une attitude semblable :
« Je sais, & je suis persuadé, selon la doctrine du Seigneur
Jésus, que rien n’est impur de soi-même, & qu’il n’est impur qu’à
celui qui le croit impur. » (Épître aux Romains, XIV, 14) ; « Ce n’est pas que toutes les viandes
ne soient pures, mais un homme fait mal d’en manger, lorsqu’en le
faisant il scandalise les autres. » (ibid
., XIV, 20) ; « Or tout est pur pour ceux qui sont
purs : & rien n’est pur pour ceux qui sont impurs, &
infidèles […] » (Tite, I, 15).
8
Dans les Pensées (n o
1677), Montesquieu racontera une conversation datant de 1749
avec Fontenelle et Charles Yorke (1722-1770) sur l’origine de ces idées,
où il propose la même explication qu’ici, tout en évoquant une idée
« tres ingénieuse, si elle n’est pas solide » de Fontenelle.
9
Dernière lettre écrite d’Erzeron (la première étant la Lettre 6), où Usbek sera
resté quatre-vingt-sept jours : voir Jean-Paul Schneider,
« Les jeux du sens dans les Lettres
persanes . Temps du roman et temps de l’histoire »,
Revue Montesquieu n o 4, 2000, p. 127-159, ici p. 153.