1
Chardin l’avait remarqué dans sa préface à propos des commentaires de la
Bible : « j’y découvrois de grandes méprises, & je
m’appercevois, qu’en mille endroits, ils dévinoient, ou marchoient à
tâtons. » (t. I,
préface, 8 v.) Tous les catalogues de
bibliothèque vont du sacré au profane : voir pour La Brède, Catalogue , n os
1
-57 pour la Bible, n os 58
-132 pour les commentateurs.
2
Escarmoucher (intransitif, comme dans la
variante) et s’escarmoucher sont
également admis par les dictionnaires du temps.
3
Dans le Catalogue , une citation
(autographe) de Grégoire de Naziance les désigne comme des assemblées
« où les oies et les grues se battent sans réflexion »
(p. 31
).
4
Voir Catalogue , n os
602-646.
5
Voir Catalogue , n os
647-704. Comme dans la lettre précédente et les lettres
suivantes, la classification des livres suit une progression typique des
libraires et bibliothèques de l’époque : voir Pierre-Gustave
Brunet,
Essai sur les bibliothèques imaginaires
, Paris, Lahure et C ie, 1853. Cette
bibliothèque « imaginaire » diffère de celles qui furent
populaires sous la Régence, et qui donnaient des titres satiriques de
fantaisie aux livres (voir par exemple le Journal
de Jean Buvat pour la même époque, Paris, Henri Plon, 1869, 2
vol., t. II, p. 8
-9 et 173
-176), et le chapitre xix des Aventures de Pomponius de Prévost
(1724 ; Rome, chez les héritiers de Ferrante Pallavicini, 1725, p.
83 et suiv.) Celle de Montesquieu est philosophique et
rassemble des arguments intellectuels contre la tradition catholique.
Sont donc désignés les grands classiques de la théologie, ceux qu’on
trouverait dans beaucoup de bibliothèques, y compris celle de La Brède.
6
Délire étant un terme médical pour une maladie
fiévreuse dangereuse, et dévotion un terme
parfaitement respectable pour « certaines pratiques religieuses
dont on se fait une loi de s’acquitter regulierement » (Trévoux , 1704), il peut paraître hardi de les
associer comme le fait ici le bibliothécaire ; mais le Dictionnaire de Trévoux admet aussi que sans
« une solide pieté » la dévotion est « vanité, ou
superstition » (1704).
7
« C’est le sentiment d’une secte qui fait aujourd’huy beaucoup de
bruit. Molinos Prétre Espagnol mort à Rome [en 1696] dans les prisons de
l’Inquisition, passe pour l’Auteur du Quietisme
. Ce nom est emprunté du repos ou de l’inaction entiere où l’ame
se trouve lorsqu’elle est dans la vie unitive. » (Trévoux , 1704
). Le bref du pape Innocent XII, Cum alias
(1699), entendait mettre fin au développement de la mystique catholique.
Certes le quiétisme était un sujet actuel, quoiqu’il ait quitté la scène
religieuse et politique avec la disparition des quelques personnes à qui
ce mouvement, de mystique individuelle, devait sa force : Fénelon
est mort en 1715 après un long exil dans son diocèse de Cambrai ; M
me Guyon, emprisonnée à la Bastille entre 1699
et 1703, est exilée à Blois et y meurt en 1717. Montesquieu possédait
des textes critiques sur le quiétisme : les Dialogues posthumes de La Bruyère (Catalogue , nº 464) et la Relation sur le quiétisme
de Bossuet (n o 460).
8
L’accusation de libertinage, surtout au sens érotique du mot, a été émise
à propos de M me Guyon de son vivant, et
figure dans les Dialogues sur le quiétisme de
La Bruyère (Catalogue , nº 464 : Paris, 1699, Dialogue VIII, p. 327-329 ; cf. Dialogue IX, p. 624), dans la Relation de
Bossuet (Œuvres , Paris,
« Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1175,
p. 1553), et dans la
Relation de l’origine, du progrès et de la
condamnation du quiétisme répandu en France
(1732), de l’abbé Jean Phelippeaux (p. 5), publiée selon ses
volontés vingt ans après sa mort. Le quiétisme est longuement évoqué
dans le « recueil Desmolets » recopié dans le Spicilège (n o 121),
où il est opposé en revanche au libertinage. Ici une même répulsion les
enveloppe, comme pour tout ce qui concerne les querelles théologiques.
9
Allusion peut-être au De matrimonio (1637) de
Tomás Sánchez : voir Lettre 137, note 47.
10
Les casuistes sont connus comme des théologiens accommodants, mais
l’accent ici est mis plutôt sur les expositions détaillées qui
accompagnent leurs analyses du péché. Sur les casuistes, voir Lettres 27 et 55, et Pensées,
nº 1059, satire d’« un casuiste d’une si grande reputation que
tout le monde venoit le consulter ». Le grand
« classique » : le
Dictionnaire des cas de conscience
de Jean Pontas (1715).